AIRBORNE FAREWELL, En hommage à la 17e Division aéroportée US. L. Nollomont
L'article complet peut être obtenu par simple demande à l'asbl.
Airborne FAREWELL, par Luc Nollomont
À la fin des années 1960, l’association regroupant les vétérans de la 17th Airborne Division avait pris contact avec Mr Maurice Meunier, secrétaire du Cercle SEGNIA et bourgmestre faisant fonction de Houffalize. Ce fut sans doute à l’occasion d’une visite sur le théâtre de leurs opérations de l’hiver 1944-1945, que les membres de leur Conseil d’administration lui remirent le titre de Membre honoraire de leur Association comme en témoigne la petite carte jaune, usée par le temps, conservée dans les archives de SEGNIA.
Quelques années plus tard, sous le mayorat de Mr Charles Mathurin, un groupe de vétérans de la 17e, de retour en Belgique, offrit une plaque commémorative qui fut fixée au mur arrière d’un immeuble, actuellement disparu, suite aux travaux d’aménagement de la Place de Janvier 1945. Hélas, elle ne devait pas y rester longtemps, victime d’un vandale collectionneur de souvenirs militaires. Avertis du fait, les vétérans proposèrent d’en replacer une nouvelle qu’ils remirent à Mr Albert Andrianne, alors bourgmestre de Houffalize. Par mesure de précautions, la plaque fut fixée sur le même mur, mais à une hauteur qui la mettait hors d’atteinte de tout voleur. Elle était cependant peu lisible ; et comme la Ville avait entre-temps reçu une plaque commémorative de la part de la 2e Division blindée, il fut décidé d’ériger un monument sur lequel les deux souvenirs seraient fixés. Durant les années qui suivirent, d’autres encore vinrent s’y ajouter : celles des 3rd Armored Division et 11th Armored Division. L’énorme bloc de schiste était cependant dégradé par les intempéries ; il fut également remplacé et érigé à l’emplacement qu’il occupe actuellement.
Dans le second fascicule du tome XX du Bulletin de SEGNIA (1995) quelques articles sont consacrés aux événements de guerre relatés par des vétérans de ces grandes unités américaines. Le récit que nous publions ci-après est extrait du dernier Thunder from Heaven, le Bulletin officiel d’informations édité par l’Association de la 17th Airborne Division. Après 54 années de parution, les responsables déposent la plume et abandonnent le papier pour informer les membres via le net.
Nous tenons à remercier MM. les Présidents successifs de l’Association, Mr Joe Quade, l’éditeur, et Mr Ed Siergiej, le secrétaire-trésorier, ainsi que tous les membres de la 17th Airborne Division Association, pour leur présence en Ardenne et plus particulièrement à Houffalize en janvier 1945 et dans les années de paix et les réunions de souvenir qui suivirent le conflit. Depuis 1976, régulièrement, ils ont fait parvenir leur Bulletin d’information à Mme Madeleine Gourdange, l’hôtesse qui dressait la table aux vétérans en visite non annoncée à Houffalize qui poussaient sa porte, couverte des auto-collants au motif des Associations de vétérans. Sa maison était devenue, aux dires de nombre d’entre eux le « main watering hole » de la région ! Tant de ces vétérans ont ramené avec eux aux États-Unis le souvenir des « Ladies of Houffalize, Madeleine, Renée One, Renée Two, Eva, … ». Tous et toutes s’étaient replongés quelques instants à l’époque de leurs vingt ans. Mr Joe Quade n’avait pas oublié Mr Meunier et après lui, ce fut votre serviteur qui reçut les nouvelles du Thunder from Heaven.
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Thunder from Heaven
Dead Man’s Ridge
Al BRYANT (513B)
Le 4 janvier 1945, la 17e Airborne et ses unités attachées lancèrent une contre-attaque dans une zone approximativement à 12 miles de Bastogne, surnommée la « Crête de l’Homme mort ».
Dans la soirée du 3 janvier 1945, la Cie B du 513e Régiment avança dans une zone boisée à environ 10 miles de Bastogne. Ce fut notre première vision de cadavres gelés gisant dans la neige, tant allemands qu’américains. Ils avaient l’air irréels tant et si bien que l’un des nôtres en dit : « Ils veulent certainement rendre la manœuvre authentique avec tous ces mannequins de cire couchés tout autour ».
Il faisait sombre lorsque nous atteignîmes notre zone de bivouac ; on nous ordonna de creuser nos trous. Le sol était gelé et plein de racines. Je me souviens qu’il nous fallut longtemps à deux pour creuser un trou assez grand qui nous abriterait tous deux. Si seulement nous avions su que les Allemands avaient laissé derrière eux un abri pour cinq ou six hommes à deux mètres de l’endroit où nous étions retranchés !
Le matin du 4 janvier, au moment où le jour se levait, les Allemands déclenchèrent un tir de barrage d’artillerie sur notre position. Nous n’étions pas en sécurité dans notre trou parce que les obus explosaient dans les arbres et faisaient pleuvoir des éclats tout autour de nous. Il faisait juste assez clair pour apercevoir l’entrée du bunker que les Allemands avaient établi. Une dizaine d’autres hommes la remarquèrent au même instant et tous nous nous y précipitâmes. L’un de nous dit qu’il allait allumer une allumette mais un autre le lui interdit ; il était, pensait-il, assis sur un cadavre allemand !
Lorsque les tirs d’artillerie s’interrompirent, nous sortîmes de nos abris et avançâmes en terrain découvert ; les tirs d’artillerie reprirent. Le sol était couvert de neige et chaque fois qu’un obus tombait et explosait, il laissait un grand cercle noir d’environ 15 mètres de diamètre. Je me suis demandé si ce grand cercle représentait la zone mortelle mais lors d’un coup suivant, je fus heureux de voir un homme se lever et quitter sans aide cette zone noire. C’est alors que j’ai pour la première fois entendu siffler une balle au-dessus de ma tête. J’ai plongé sur le sol et suis tombé sur mon masque à gaz. Lorsque je remarquai à quel point le masque m’empêchait de m’aplatir au sol, je ne pus que penser que j’allais me faire tirer dans le derrière ! Et je n’ai pas hésité deux fois à me débarrasser de mon masque à gaz.
Nous avons avancé jusqu’à la route au nord du petit village. Il y avait de hauts talus sur les deux côtés de la route et c’est là que nous avons dû creuser nos trous. Les chars Tigre (sic) tiraient dans les arbres bordant le village. La pluie de shrapnels qui se déversait sur le village me fit dire merci de ne pas m’être trouvé là. Nos armes anti-chars étaient sans effet contre les Tigres allemands. Lorsque nos bazookas faisaient feu, le projectile touchait l’objectif, lui arrachait un petit morceau de métal mais ne lui provoquait aucun dommage réel. Nous avions un parachutiste retranché avec un bazooka à environ 12 mètres devant nous. Il fit feu sur un char qui riposta et le toucha directement de son canon de 88 mm. Une partie de son corps retomba près de moi.
Nous avions quatre chars en support. Deux furent détruits presque immédiatement par les blindés ennemis. Dans l’un de nos véhicules, un tankiste blessé criait à l’aide. Sous les yeux des Allemands, un de nos infirmiers grimpa sur le char et l’en retira. Le blessé avait perdu ses deux pieds. Nous avions épuisé nos munitions anti-char lorsqu’en amont du chemin, deux Allemands descendirent, sous la protection d’un drapeau blanc. Le second portait une mitrailleuse légère. Ils dirent à notre officier qu’au bas du village, où nos blessés étaient rassemblés, ils avaient positionné un « Tigre » dont le canon était pointé en direction du poste de secours et qu’il ferait feu si nous ne nous rendions pas. L’un de nos hommes voulut planter sa baïonnette dans le ventre de l’Allemand porteur de la mitrailleuse mais il en fut empêché par ses compagnons. Je me souviens que l’officier qui remit notre reddition n’était pas notre commandant de bataillon habituel.
Comme les Allemands nous emmenaient, nous passâmes à côté d’un tank dont le commandant se tenait debout dans la tourelle ; je lui fis le signe « V » de la victoire avec deux doigts. Grossière erreur, car le commandant de char sortit ce qui me sembla un pistolet .45, le pointa vers moi et se mit à crier en allemand, ce que je ne compris pas. Heureusement il y avait quelqu’un qui comprenait l’allemand et me qui dit que le tankiste voulait mes gants. Il n’est pas nécessaire d’entrer dans les détails pour dire que j’obéis rapidement à son ordre.
Plus tard dans la journée, ils nous alignèrent devant un mur en briques où nous étions gardés par un tank dont le canon était pointé dans notre direction. J’étais assez nerveux parce que j’ignorais ce qui allait se passer. Il apparut qu’ils allaient nous fouiller pour rechercher d’éventuelles armes dissimulées.
Le 4 janvier 1945 fut l’un des plus longs jours de ma vie. La nuit, ils nous enfermèrent dans une vaste grange et nous interrogèrent l’un après l’autre. Lorsqu’ils m’introduisirent dans la pièce où se déroulaient les interrogatoires, j’eus l’impression de vivre un film se déroulant durant la première guerre mondiale, avec tous ces officiers de haut rang portant un monocle. Comme je pus le voir dans la pénombre, ils avaient revêtu leur uniforme de sortie. Ils commencèrent par me raconter tout ce qu’ils savaient au sujet du 513e Régiment. Comme ils ne connaissaient de l’unité que ce qu’il y avait à en connaître, je suppose que ce fut pour me faire croire que ce que je leur dirai n’aurait pas d’intérêt. Je leur ai décliné mes nom, rang et numéro de matricule en réponse à chaque question et j’ajoutai que je préférais ne pas répondre. Ils m’ont reconduit à l’extérieur pour attendre avec mes compagnons qu’ils aient terminé les interrogatoires des derniers prisonniers. De là, ils nous ont conduits vers un grand bâtiment ressemblant à un hôpital. Par une large ouverture, ils nous ont emmenés dans les caves. J’étais le dernier de la colonne. Alors que nos hommes avançaient par cette ouverture, ils se mirent à crier. Mon imagination se mit à déraisonner. Je crus que la fin était proche et je regardai autour de moi pour voir si j’avais une chance de m’échapper. Mais il y avait l’Allemand porteur de la mitrailleuse légère pressant derrière moi. Ma seule pensée à ce moment fut que je vivrais au moins trente secondes de plus si je m’engouffrais dans l’ouverture. Ce que je fis et, à mon grand soulagement, je vis ce qui provoquait les cris des hommes, mais cela me rendit furieux aussi. La journée avait été rude et longue et les hommes étaient épuisés ; il y avait de la place dans du foin étalé sur le sol et dans lequel ils allaient pouvoir enfin se reposer et dormir quelque peu. Voilà pourquoi ils s’étaient mis à crier. La plus longue journée de ma vie !
* * * *
L’Offensive des Ardennes était-elle prévisible ?
Dr Harold R. WINTON
Ces documents nous ont été offerts par M. Michel Dislaire qui, à la fin de l’année 2008, conduisit un groupe de vétérans américains sur le champ de bataille. Ils constituent un dossier qui fut remis à chaque vétéran, documenté de cartes, de biographies et de renseignements d’ordre général. Comme pour l’attaque japonaise sur Pearl Harbor en décembre 1941, certains historiens ont avancé que, dans les sphères supérieures de l’état major, des « gens » étaient informés de l’imminence de l’offensive allemande. Voici ce qu’écrit H. Winton en 1999 :
Vu l’énorme potentiel en troupes et en matériels rassemblé en vue de l’offensive dite « du Saillant », constitué de quelque 20 divisions, 400.000 hommes, 2.600 pièces d’artillerie et lance-roquettes, 1.400 chars et canons d’assaut, le fait que des officiers du Renseignement allié et des commandants de corps ne purent détecter et apprécier cette concentration avec suffisamment de précision pour prendre les mesures nécessaires afin de s’y opposer, a fasciné les professionnels et les historiens pendant des années. De nombreuses études sur le sujet ont été publiées et virtuellement, tout travail sur la bataille des Ardennes se doit de prendre ce fait en considération.
Trois ans et neuf jours après l’attaque surprise des Japonais sur Pearl Harbor, l’assaut allemand depuis le SchneeEifel qui fit exploser le front du VIIIe Corps et délogea presque le Ve Corps de ses positions vitales sur la crête d’Elsenborn, constitue la seconde surprise stratégique des forces US. durant la seconde guerre mondiale. Il y a quelques similitudes entre la surprise allemande sur le théâtre des opérations en Europe et la surprise japonaise dans le Pacifique. Comme pour Pearl Harbor, il y en a beaucoup qui discutent, dont le lieutenant colonel Adolph G. Rosengarten, Jr, officier en charge du détachement ULTRA de la Première Armée US. : « L’offensive des Ardennes (…) aurait pu être prévue ». Pour rechercher pourquoi elle ne le fut pas, nous devons poser quatre questions :
- Quelles mesures les Allemands prirent-ils pour empêcher les Alliés d’être au courant de l’offensive ?
- Quels indicateurs de l’offensive furent découverts malgré tous les efforts des Allemands ?
- Comment les Alliés interprétèrent-ils ces indicateurs ?
- Pourquoi les ont-ils interprétés de cette manière ?
Les efforts allemands pour empêcher la détection
L’une des raisons évidentes pour lesquelles les Alliés échouèrent dans la détection des préparatifs allemands fut que le haut commandement, personnifié par Adolf Hitler, était parfaitement conscient que le succès de l’offensive reposait totalement sur l’effet de surprise, et qu’il édicta une série de mesures générales pour éviter la détection. Ces mesures commencent avec la conception de l’attaque. La plupart des historiens datent l’origine de l’offensive de décembre à la réunion de l’OKW lors de laquelle Hitler annonça qu’il avait pris une décision capitale : « Nous attaquerons à travers les Ardennes ». De fait, la germination de l’offensive remonte aux premiers jours d’août, lorsque la 3e Armée de Patton perça vers Avranches et poursuivit à travers la France. À ce moment, Hitler enjoignit à l’état major de l’OKW de commencer à évaluer une série d’options stratégiques qui permettraient à la Wehrmacht de reprendre l’initiative qu’elle avait perdue après la bataille de Normandie. Cependant, la compréhension intuitive de Hitler, retenant les Ardennes comme étant le lieu où lancer la contre-offensive, était basée non seulement sur le fait que les difficultés du terrain en éloigneraient l’attention des Alliés en tant qu’avenue éventuelle pour une attaque, mais également sur le fait que le terrain accidenté et boisé du SchneeEifel à l’est offrait une base idéale pour rassembler une grande formation prête à l’offensive.
À l’élément de surprise s’ajoutait une série de mesures draconiennes pour maintenir la sécurité de l’opération. L’élan psychologique derrière ces mesures était soutenu par l’attentat raté du 20 juillet 1944, qui évolua chez Hitler en une paranoïa prononcée. Les instructions incluaient l’interdiction de transmissions radio entre les états-majors supérieurs. Bien qu’elle ne fût pas parfaitement appliquée, cette interdiction priva les Alliés de ce qui avait été jusqu’à ce moment la source d’information la plus prolifique et la plus fiable quant aux possibilités et aux intentions des forces armées allemandes, le « Secret ULTRA ». (Il est tentant de spéculer sur le fait de savoir si Hitler était moins optimiste que son establishment militaire au sujet de la sécurité de ses codes Enigma. Si oui, comme nous le savons maintenant, il avait de bonnes raisons de s’en méfier. Il n’y a cependant aucune preuve directe pour étayer cet avis).
Ensuite, la concentration initiale à l’ouest du Rhin devait s’effectuer dans la région de Düren. Si elle était détectée, les intentions allemandes resteraient difficiles à deviner. Toutes les unités furent requises d’observer un silence radio total durant leur progression. Les déplacements étaient effectués presque entièrement durant les heures d’obscurité, une habitude qui était devenue procédure courante pour les Allemands depuis que les Alliés avaient gagné une supériorité aérienne incontestable au début de 1944. Les commandants, la logistique et les hommes avaient réalisé de prodigieux efforts pour échapper à tout repérage aérien durant les déplacements et lors du rassemblement final, qui fut postposé à quatre ou cinq jours avant l’assaut.
En outre, les Allemands avaient créé un plan de couverture intelligent mais sophistiqué, destiné à fonctionner quelles que soient les indications concernant les zones de rassemblement, et des déplacements vers l’avant avaient été programmés, déplacements que les Allemands exécuteraient agressivement sous forme de contre-attaques localisées contre les incursions des Alliés dans le Reich, spécialement le long de la Roer. Le plan de couverture, baptisé Wacht am Rhein, définit les possibilités tactiques d’une offensive dans le contexte d’une stratégie opérationnelle défensive. Les unités reçurent des appellations fictives, par exemple, la 5. Armée blindée fut dénommée Feldkommando z.b.V., soit Corps Q.G. à buts spéciaux, impliquant un commandement administratif plutôt que tactique. La 6. Armée blindée fut désignée sous le nom de Auffrischungsstab 16., soit 16e E.M. pour les remplacements ; la 16. Armée devint le Gruppe von Manteuffel, une task force de la taille d’un corps d’armée.
Et vraisemblablement, ce qui fut le plus beau coup de Hitler pour tromper l’ennemi, il rappela en service pour le commandement de l’OberBefehl West, le vieux maréchal prussien Gerd von Rundstedt, qui avait été écarté plus tôt dans l’année parce que son optimisme quant à une victoire allemande n’avait pas rencontré les attentes du Führer qui exigeait de sa part un comportement militaire plus valeureux. Rappelons les mots qu’il adressa à Jodl durant la campagne de Normandie qui lui demandait ce qu’il fallait faire ; ce à quoi von Rundstedt avait répondu : « Faites la paix, bande d’imbéciles, faites la paix ».
Rundstedt était perçu par le commandement allié comme un commandant fonctionnant « selon le manuel », qui exécuterait le bon et dur combat défensif par des contre-attaques localisées et au bon moment, mais qui ne risquerait jamais la totalité de la Wehrmacht sur un seul coup de dés. Ce que les Alliés ne comprirent pas, et qu’ils auraient pourtant dû, c’est qu’il n’était que le commandant en nom de l’OberBefehl West. Hitler bluffait. Et c’était justement l’erreur que Hitler espérait voir commettre par les Alliés lorsqu’il rappela le maréchal en service.
La couverture allemande et les efforts déployés pour tromper les Alliés furent favorisés par deux facteurs importants : en premier lieu, à la fin de novembre et au début de décembre, les conditions atmosphériques amenèrent le brouillard et d’épais nuages, comme habituellement à cette époque en Europe occidentale. En second lieu, les priorités américaines pour la reconnaissance aérienne n’allaient pas vers le SchneeEifel mais plutôt vers la région de la Roer.
Indications signalant une offensive allemande
À l’évidence, un effort aussi important que celui déployé par les Allemands ne pouvait être complètement occulté et il ne le fut pas. Dès la mi-novembre, les messages ULTRA interceptés fournissaient des indications claires sur les déplacements vers le front de formations de chasse de la Luftwaffe. La même source indiquait que le Groupe d’armées B demandait une couverture aérienne de chasse pour protéger les trains apportant le matériel. Dès le 19 novembre, il y avait des signes que la 6. Armée blindée se dirigeait vers Cologne. Dès le 23 novembre, les Américains et les Britanniques avaient en mains un télégramme du baron Oshima, l’ambassadeur japonais à Berlin, destiné à son ministre des Affaires étrangères, qui résumait une conversation tenue avec von Ribbentrop, ministre des Affaires étrangères du Reich. Celui-ci rapportait à Oshima que Hitler était convaincu que la guerre ne pouvait pas être gagnée uniquement avec l’application de mesures défensives et que bientôt, des réserves suffisantes de carburant seraient accumulées pour préparer une offensive à grande échelle. Et le 27 novembre, Bletchley Park décrypta un message de la Luftwaffe ordonnant la création d’un groupe de liaison qui devait se joindre au 1. Corps de Panzer et dressant la liste des divisions qui lui seraient attachées.
En décembre, les indicateurs s’amplifièrent. Le 2 décembre, la Kriegsmarine envoya un message à ses sous-marins opérant dans l’Atlantique Nord, leur signalant que les rapports météorologiques étaient de la plus haute importance pour la guerre sur terre et dans les airs. Le lendemain, il leur fut demandé d’utiliser tous les moyens disponibles pour faire passer leurs messages. Avant le 15 du même mois, le nombre de messages était passé de deux ou trois par jour à quinze. Les décryptages d’ULTRA des 7, 9 et 10 décembre demandaient une couverture aérienne au-dessus du secteur compris entre Aix-la-Chapelle et Trèves. Le 8, les Alliés décodèrent un ordre requérant la mise à disposition de la FührerBegleitBrigade d’une compagnie de transport motorisée. Dans la nuit du 14 au 15, les 106th et 28th US. Divisions signalèrent avoir entendu les bruits de véhicules lourds en mouvement vers le front.
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