Camp fortifié romain, Sommerain
Le « VIEUX CHÂTEAU » de Sommerain (Mont-Houffalize).
Sources : J. Mertens et R. Brulet, Le « Vieux Château » de Sommerain à Mont, Acta Archaeologica Lovaniensia, revue des Archéologues et Historiens d’Art de Louvain, VII, 1974, pp. 30 à 58.
I. Introduction.
Le « Vieux Château » de Sommerain est tard venu dans la littérature archéologique : J. Vannérus ne le signale pas dans son enquête toponymique de 1943.
La légende, rappelée par Tandel, nous a laissé le souvenir de ruines d’un « vieux couvent des Templiers ».
Ce fut M. Meunier, responsable du Cercle SEGNIA qui, en 1958, attira l’attention des chercheurs sur ce promontoire ; il effectua un premier sondage dans le rempart délimitant la place forte. Déjà auparavant, M. Meunier avait levé le plan du site et en avait réalisé une maquette qui donne une bonne idée de la physionomie du promontoire. Ce plan fut complété ensuite au cours des fouilles de 1971/1972.
En 1971, du 12 au 24 juillet, la KUL, l’UCL et le Cercle SEGNIA effectuent une campagne de fouille sur le site. Le 18 juillet 1972 voit le sondage complémentaire dans le rempart.
Les auteurs remercient le Cercle SEGNIA pour son aide pratique et efficace et plus particulièrement Messieurs M. Meunier, A. Contet et V. Alié.
II. Situation topographique.
Le « Vieux Château » de Sommerain est situé sur le territoire de l’ancienne commune de Mont à 2.750m au nord-est de Houffalize, section cadastrale C 1723.
Il occupe le sommet d’un promontoire qui domine de quelque 32, 50m la vallée du Sommerain ; ce ruisseau qui contourne l’éminence du « Vieux château » se jette à 500 m de là dans l’Ourthe orientale.
Le point culminant du refuge atteint la cote de 387,5m. La configuration du plateau n’identifie pas le site du « Vieux Château » au type de l’éperon barré : nous sommes en présence d’une éminence circonscrite de toutes parts par un enceinte défensive.
Le refuge implanté sur la partie la plus haute du promontoire dispose d’une superficie d’un hectare environ. Sa longueur et sa largeur maximales atteignent respectivement 132 et 112 m. Sa forme plus ou moins ovale est liée au plateau.
Des falaises de 20 à 30m entourent le promontoire sur les fronts ouest et nord. Le flanc est apparaît comme le moins protégé naturellement ; aussi y a-t-on accentué la défense par le renforcement du rempart de terre au moyen d’un nombre relativement élevé de tours.
Dans son état actuel, la totalité du site est boisé et le mur d’enceinte de la fortification est aisément repérable ; il présente encore par endroits, notamment vers l’est, une élévation de deux à trois mètres.
III. Cadre historique.
La région de Houffalize, quoique explorée surtout ces dernières années (1960-1970), est néanmoins riche en souvenirs anciens.
On y relève, d’après M. Meunier, cinq ou six refuges antiques comparables à celui de Sommerain ; ils ont été généralement implantés sur un éperon découpé par l’Ourthe orientale ; citons notamment le Vieux Château de Houffalize qui remonte probablement à la fin de l’époque romaine et le refuge de Liherain à Cherain, le Chession.
L’occupation d’époque romaine y est très bien représentée : Ch. Dubois publia en 1952 un répertoire des établissements et des nécropoles dans la région de Houffalize ; les villas sont reprises sur la carte de l’habitat rural ; parmi les plus importantes citons celle située au nord-ouest de Sommerain, au lieu-dit « Villy » ou « Vii », fouillée vers les années 1834-1835 et celle de « Fin-de Ville » sur le territoire de l’ancienne commune de Mont, fouillée entre 1957 et 1960. D’après une monnaie romaine, interprétée comme étant de l’époque valentinienne, la première semblerait encore occupée au Bas-Empire.
Récemment, en 1972, un petit établissement rural a été exploré au hameau de Rettigny, lieu-dit « Devant le Beuleu », commune de Cherain.
D’autres villas ou vestiges d’époque romaine ont été mis au jour ou signalés dans la région, à Limerlé et à Wibrin (Nadrin). Celles-ci furent fouillées par le Cercle SEGNIA et Nadrin est à présent ouverte au public.
Des nécropoles de la même époque sont signalées à Limerlé (Rouvroy et Steinbach) et à Cherain ; c’est sur le territoire de cette dernière commune, au hameau de Vaux, que fut découverte en 1920 la belle inscription funéraire du décurion Vitorius Caupius. Près du temple de Tavigny-Saint-Martin furent recueillis également quelques fragments de céramique provenant probablement de tombes romaines.
Toute cette zone de l’Ardenneest d’ailleurs rendue célèbre par ses nombreuses tombelles d’époque soit proto-historique, soit romaine ou mérovingienne ; on en dénombre plus de deux cents sur le territoire de Cherain et de Limerlé et plusieurs dizaines dans la région de Sommerain.
IV. L’examen archéologique.
Une vingtaine de tranchées ont été établies en 1971 sur le plateau du « Vieux Château » de Sommerain.
La plupart d’entre elles furent consacrées à l’étude du système défensif constitué par la porte méridionale et par le rempart lui-même.
Le tracé des différentes excavations est directement lié à la nature du terrain. Le caractère abrupt de certaines pentes et le boisement du site ont constitué autant d’obstacles pour les chercheurs.
Trois tranchées ont été établies sur le sommet du promontoire, à l’intérieur du rempart ; elles n’y ont révélé aucune structure en place.
Les constructeurs du refuge ont assurés sa défense par une enceinte continue, flanquée de six tours semi-circulaires érigées en saillie du rempart (A, B, C, D, E, F). Celles-ci ont été placées, nous l’avons dit, sur le flanc est, le moins abrupt et, partant, le plus facilement accessible.
Une seule porte d’accès, également protégée par une tour, a été relevée au milieu du front sud.
a. Le rempart.
Le rempart est composé d’une levée de terre large de 6 à 7m, faite d’un mélange de pierrailles et de déchets de schiste et retenue du côté extérieur par un parement ; ce dernier est fait le plus souvent de dalles ou de blocs de schistes placés à sec ou liés à l’argile.
Cette technique de construction a été observée sur tout le parcours du rempart. Le mur y est continu, aucun raccord n’y a été relevé. Dans la tranchée 5, le rempart possédait encore la hauteur exceptionnelle de 1,20m. Dans la tranchée6, un parement intérieur a été observé, mais il s’agit là d’un aménagement local ; le mur ainsi constitué présentait une largeur de 1.75m.
Les tours qui flanquent le rempart sont au nombre de six. Les tours B, C, D et E ont un diamètre oscillant autour de 5m. La tour A, plus grande, atteint 6.25m alors que le bastion F est légèrement plus petit et ne possède qu’un diamètre de 3.91m.
Ces tours, en saillie d’environ 2.5m à 3m sur le rempart, présentent, vers l’extérieur, un parement semblable à celui du rempart proprement dit et, vers l’intérieur, soit un mélange de terre et de pierres, soit un amas de plaques de schiste parfois disposées les unes sur les autres sans trace de liant. Sur la base de constatations faites à la tour D, ces bastions semblent ancrés au rempart à l’aide d’un muret transversal, axé autour d’une poutre de bois placée horizontalement au travers du rempart. Au pied des tours A et B, des pierres dressées semblent destinées à fixer le parement externe.
Quatre sondages sur le flanc nord (tranchées 2, 15, 16 et 17) et six sondages sur les flancs sud et sud-est (tranchées 7 à 12) ont permis de suivre le tracé de l’appareillage du rempart.
Quatre tranchées ont par ailleurs été creusées sur les fronts sud et est du refuge afin de recouper à la fois le mur de terre et le parement extérieur du rempart (tranchées 4, 5, 6 et 14).
Les tranchées 4 et 5, du reste, ont été nécessaires pour étudier la structure des tours C et D.
Pour les tours A et B, un dégagement rapide du parement extérieur a été opéré dans les tranchées 1 et 3.
L’emplacement des tours E et F, bien visible à l’heure actuelle, a été situé sur le plan d’ensemble par suite d’un simple défrichement du terrain.
A l’angle sud-ouest de la forteresse a été observée une plate-forme semi-circulaire taillée dans la roche, mais l’absence de traces nettes de l’enceinte à cet endroit nous a empêchés d’y enregistrer aucune observation concernant la présence éventuelle d’une tour ou même d’un second accès au refuge.
b. La porte méridionale.
La tranchée 13 a permis d’étudier l’entrée méridionale du refuge.
L’enceinte y est faite, comme c’est le cas ailleurs, d’un mur de terre et d’un parement de blocs de schiste 1 et 2, posé sur un niveau de roche délité 3. Sa hauteur conservée atteint 0,48m en 1 et 0,50m à 0,60m en 2. Le sommet apparaît respectivement aux cotes 373,08 et 373,50.
Le percement de l’enceinte a été réalisé sur une largeur de 4,25m. Ses limites sont matérialisées par deux parements 4 et 5, peu soignés, de blocs de schiste et de quartz posés sur la tête de roche 3. Ils étaient encore hauts d’une dizaine de centimètres et s’étendaient sur une longueur maximale de 2,25m.
Le niveau de l’entrée pourrait avoir été retrouvé en 6 à la cote 373,60 sur une couche de remblai schisteux qui, par ailleurs, a livré plusieurs tessons appartenant à un amphore romaine.
A l’extérieur et le long du parement 2 un niveau de dalles de grès très épaisses et placées les unes sur les autres dans une couche d’argile 7 a probablement servi comme blocage au chemin d’accès.
Aux fins de protéger cet accès au refuge, large de 3,50m et longeant le parement 2, les constructeurs ont édifié une tour semi-circulaire, G, placée à l’extérieur de la forteresse, 8. Cette tour présente un diamètre de 5m. Son élévation actuelle ne dépasse pas 0,60m. La technique de construction similaire aux autres tours du fortin.
L’état de conservation de ce secteur n’a pas permis de vérifier la liaison du parement occidental de la tour 8 au rempart 1. Le fait que le parement de ce dernier se prolonge en ligne droite, semble indiquer un aménagement postérieur ; c’est l’impression qui se dégage également de l’entrée proprement dite, qui semble entaillée dans le rempart. Il est cependant probable que cet aménagement ne soit que de peu postérieur à l’implantation même du refuge.
c. La zone intérieure.
Les trois tranchées 18, 19 et 20, établies à l’intérieur du refuge et en son point culminant, ont mis à nu la roche en place sous une faible couche d’humus. Aucune trace ancienne n’y a été décelée ; dans la tranchée 18 la roche apparaissait cependant comme particulièrement égalisée ; peut-être y a-t-elle été taillée en vue de l’implantation d’un édifice ou d’une tour. Celle-ci a pu être simplement en bois, assise sur quelques blocs de pierre ou poutres de bois horizontales.
V. Le matériel archéologique.
a. La terre sigillée.
b. La céramique vernissée.
c. La céramique ordinaire.
d. Les objets en fer.
VI. Interprétation.
Le matériel récolté au cours des recherches effectuées à Sommerain ne nous fournit qu’une maigre contribution à l’étude chronologique de ce site.
Assurément la céramique sigillée est le plus fréquemment de teinte orange, indice d’une production plutôt tardive, mais elle est encore de bonne qualité. On y relève da présence d’une base d’assiette ou de coupe 1, de même qu’un bord droit de vase 2, dont le type ne peut être déterminé au vu de la petitesse des fragments.
Aucune date sûre ne peut être retenue pour les petits tessons de vases vernissés ou décorés, mais ils semblent appartenir au Haut-Empire.
La céramique ordinaire, en grande partie, doit être rattachée à la même époque ; parmi l’échantillonnage recueille se distinguent deux formes qui pourraient être un peu plus tardives : les bords d’assiette 1 et 2 ne laissent pas d’évoquer le type Alzei 29 et Asperden qui sont datés du IVème siècle. Le bord d’urne 5 ne répond pas au prototype d’Alzei 27 ou Asperden 1-40 du IVème siècle, mais il en est le prédécesseur.
L’essentiel de la céramique ordinaire rassemblée est constitué par de petits fragments de terre rougeâtre souvent bien cuite qui se révèlent être indatables.
En définitive, le matériel est bien d’époque romaine ; comme il a été retrouvé dans les couches terreuses constituant le rempart du refuge, celui-ci ne peut être antérieur à l’époque romaine.
D’autre part, et pour autant qu’un argument e silentio ait une valeur probante, l’absence totale du moindre élément d’époque médiévale semble exclure une date aussi tardive pour l’aménagement du « Vieux Château ».
L’étude comparative sur le plan technique et typologique nous apporte également quelques éléments intéressants, quoique sans valeur chronologique précise.
Notons en premier lieu la carence totale de matériel archéologique et de traces d’édifices à l’intérieur du site défensif ; l’accumulation de quelques débris sur le flanc méridional (sondage 14) pourrait indiquer tout au plus l’existence de quelque cabane provisoire en cet endroit. Rien ne nous permet d’y placer une occupation prolongée de quelque importance, de sorte que l’on peut classer le « Vieux Château » de Sommerain dans la catégorie des refuges temporaires.
A l’époque du Bas-Empire, la construction de ce type d’abri incombait souvent aux autorités civiles ou aux grands propriétaires fonciers ; ces refuges n’étaient de reste occupés que très sporadiquement, leur construction et leur implantation présentaient généralement un certain manque d’homogénéité. Cette carence n’implique cependant aucunement une absence de soin tant sur le plan technique que sur celui du tracé même du plan. C’est ce que nous pouvons constater à Sommerain : en effet, l’enceinte suit ici la crête de manière régulière et dessine un ovale bien marqué. Tant les tours protégeant le rempart que l’appareillage externe de celui-ci présentent un construction soignée, nécessitant un main-d’œuvre spécialisée ; compte tenu du volume de terre déplacé, cette main-d’œuvre a dû être assez abondante.
Tout cela contraste quelque peu avec le caractère temporaire, presque provisoire, de l’occupation du site.
Typologiquement, les fortifications de forme ovale ou polygonale sont courantes au Bas-Empire : le plan est utilisé pour les défenses urbaines ou les castella routiers, pour les forts britanniques du litus saxonicum ou les refuges de l’Hinterland. L’enceinte du fort de Pevensey développe un plan très comparable à celui de Sommerain : la muraille y est pourvue de tours semi-circulaires en U et elle est datée de la fin du IVème siècle ou du début du Vème.
Pour l’aménagement du rempart et des tours, trois éléments retiennent notre attention sur le plan technique ; ce sont les seuls, en définitive, qui peuvent nous guider dans l’étude chronologique.
En premier lieu, la présence d’une armature de bois dans la levée de terre aide quelquefois à dater des fortifications. A Sommerain, la poutre observée dans la tranchée 5 est disposée dans l’enceinte de façon à relier le parement externe au rempart de terre.
Nous pouvons proposer une reconstitution plausible de cet ancrage constitué de deux pièces de bous parallèles renforçant l’angle formé par la muraille et le ressaut de la tour. D’une manière générale, cette technique d’ancrage rappelle celle utilisée largement à l’époque protohistorique ; cette technique n’était cependant pas une inconnue ni à l’époque romaine, ni au haut moyen âge : à Strasbourg quelques tours semi-circulaires coiffant l’enceinte du Bas-Empire possédaient des madriers qui assuraient la cohérence du saillant formé par la tour et le mur attenant ; Vitruve lui-même recommande ce type de liaison pour les murs de défense. Au moyen-âge, le système d’ancrage à l’aide de poutres de bois est une technique courante, utilisée surtout dans les donjons ou les tours carrées.
La connexion pierre-terrre est moins usitée, tandis que les faces boisées ancrées à un rempart de terre au moyen de poutres se retrouvent dans mainte enceinte urbaine du haut moyen-âge.
En deuxième lieu, il y a la consolidation du mur de terre par un parement de grosses pierres posées à sec ; ce mode d’aménagement, observé à Sommerain, se rencontre également ailleurs à l’époque romaine : à Jemelle, le rempart intérieur et le mur de circonvallation étaient renforcés au moyen de deux parements en maçonnerie sèche. Au Castelet de Rouvroy, le mur de terre défensif présentait un parement extérieur agencé sans mortier et conservé sur une longueur d’environ 150m. A Château-le-Duc à Ucimont, il est possible que cette même technique de construction se retrouve ; une monnaie de Valentinien I, recueillie dans cette fortification, milite en faveur d’une occupation romaine tardive. Dans ces trois sites, cette technique semble donc dater de l’époque romaine et, à Jemelle, elle doit être attribuée presque certainement au Bas-Empire.
Enfin le troisième élément, qui peut servir notre chronologie, est constitué par la présence à Sommerain de tours semi-circulaires greffées sur le rempart.
Elles fournissent un nouveau critère de datation tardive : ces bastions en saillie sur la muraille n’apparaissent généralement pas avant le Bas-Empire romain.
Malheureusement, ‘est à cette époque que l’on constate la plus grande variété dans la disposition et le plan de ces tours : elles peuvent être aussi bien rondes que semi-circulaires, polygonales ou quadrangulaires ; ce fait est avéré dans les castella et dans les villes, mais également dans les fortifications de hauteurs du type éperon barré. Nous en avons des exemples dans nos régions : à Jemelle, les tours sont quadrangulaires, semi-circulaires ou en forme de U ; les tours semi-circulaires du rempart principal peuvent être comparées à celles de Sommerain. A Buzenol, des tours carrées flanquent l’entrée du refuge, tandis qu’une tour arrondie renforce l’angle est du réduit principal ; le mur de barrage est coiffé de tours carrées et polygonales, celles-ci pouvant être cependant de date plus récente.
En somme, ces comparaisons ne sont guère probantes : si les tours semi-circulaires sont nombreuses dans les fortifications romaines tardives, elles ne manquent pas dans les forteresses et refuges du haut moyen-âge.
Dans l’ensemble, ni les documents archéologiques, ni les comparaisons typologiques ou techniques ne permettent d’établi une chronologie précise pour le « Vieux Château ». Rien ne s’oppose cependant à une datation se situant vers la fin de l’époque romaine ou le tout début du moyen-âge.
Des bases chronologiques aussi fragiles ne permettent guère de développer des considérations d’ordre historique ou social. Le refuge du « Vieux Château » implique l’existence d’un habitat dans les parages ; sur la carte que nous avons jointe à cette étude, nous avons marqué les trouvailles actuellement connues dans la région et datant pour la plupart de l’époque romaine et du haut moyen-âge. L’occupation semble assez dense aux IIème et IIIème siècle après J.-C. ; elle est caractérisée par les petits domaines centrés autour d’une exploitation rurale ou villa isolée ; les villages semblent inconnus dans la région. Le centre religieux est constitué par un temple isolé ou par un sanctuaire, dont le caractère religieux s’accompagne parfois d’une fonction administrative ou politique.
Pour le Bas-Empire, les témoins sont moins nombreux, mais il nous paraît cependant intéressant d’attirer plus spécialement l’attention sur deux sites peu distants de notre refuge.
Le premier est celui de la villa romaine de Sommerain, sise au lieu-dit Sur Vii ou Villy, à 2400n au nord-ouest du refuge ; c’était une villa assez luxueuse. Les invasions du IIIème siècle semblent ne pas l’avoir complètement anéantie et on peut admettre qu’une activité agricole, probablement moins importante ou moins riche qu’auparavant, s’y soit poursuivie pendant cette époque troublée. Peut-être même le propriétaire du domaine, devenu seigneur de l’endroit par la force des choses, a-t-il cru bon de construire un refuge sur ses propres terres. Le site du « Vieux Château » s’imposait, tant par ses qualités topographiques que par la faible distance le séparant de la villa.
Un fait analogue a pu se produire à quelques kilomètres de là, où nous retrouvons le « Vieux Château » de Houffalize niché, lui aussi, sur un éperon rocheux situé dans une boucle de l’Ourthe. Quelques sondages y ont été effectués, révélant un bastion rectangulaire et des remparts de terre ; au siècle passé, quelques monnaies romaines datant du IIIème siècle y furent recueillies. A 1700m au nord-ouest de cette forteresse, furent découverts en 1957 les restes d’une importante exploitation agricole romaine, la villa de Fin-de-Ville, dont l’occupation semble s’arrêter au IIIème siècle. Dans son rapport sur ces découvertes, M. Meunier établit déjà une relation entre les deux sites ; notons cependant qu’à Fin-de-Ville aucun document n’atteste une occupation déjà une relation entre les deux sites ;notons cependant qu’à Fin-deVille aucun document n’atteste une occupation du site durant le IVème siècle.
Il serait certes intéressant d’approfondir le problème des rapports entre « villae » et refuges pendant l’époque du Bas-Empire ; pareille étude éluciderait quelque peu l’histoire encore obscure et confuse de cette période de transition entre les mondes romain et mérovingien.
Joseph Mertens et Raymond Brulet
Inscrivez-vous au blog
Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour
Rejoignez les 22 autres membres